empoisonné ne monte jusqu’ici pour faire, sans le savoir, à un esprit divin, une éternelle plaie.
Saint Christophe.
Je suis le plus fort : sur mon épaule, loin de la
mêlée, j’emporterai, l’un après l’autre, le
Christ, et la Vierge, sa mère, et son père
aussi, comme des voyageurs pressés qui passent
sans payer de péage.
Saint Michel.
Le père est trop vieux pour quitter désormais
ses cieux accoutumés. Devant lui, dans la
bataille, j’étendrai mon aile, comme un bouclier.
Saint George.
Sous mon écu azuré, j’abriterai le firmament,
comme une poule sa couvée, et les cieux sous mon
fer de lance.
Les Cieux.
L’arc est tendu. Devant la flèche, moi aussi je
veux m’enfuir.
Le Père éternel.
Cieux, ne tremblez pas, ne fuyez pas ; restez ici.
Saints, repliez ma bannière. Sans sourciller
j’ai vu assez longtemps jouter entre eux l’orient
et le couchant. De la tour du Bosphore
jusqu’au môle où se baignent les citronniers
d’Andalousie, chaque jour ces deux mondes se
sont levés avec leurs rivages, pour s’aborder
et se heurter l’un contre l’autre. Toujours
leurs promontoires ont étendu leurs bras,
armés de villes et de créneaux, comme de
gantelets, pour se chercher et s’assaillir
dans leur lutte éternelle. Dépouillez là vos
gantelets sur le chemin, maures et sarrasins ;
je vous ai fait d’avance des éperons d’azur ;
sellez vos chevaux d’Arabie ; loin d’ici, en
avant, courez, pendant mille ans, à toute
bride dans mon désert, pour savoir où commence
le bord de mon immensité. Dites au néant,