vous où est allé mon pilote ? Nous répondions : voyez, il est là, sur le sable érythré. Quand les cavales d’Arabie disaient en hennissant : holà ! Où est notre divin cavalier, avec son frein de diamant et ses éperons d’azur ? -voyez ! Il est là, sur la cime d’Oreb, qui noue à son fouet les aiguillons des orages. C’est nous qui vous chantions des cantiques, dès le matin du monde, en nous agenouillant sur nos degrés ; c’est nous qui portions sur nos têtes des mitres de rochers crénelés, et qui prenions sur nos épaules, comme un prêtre, notre aube de murailles ; c’est nous qui, depuis quarante siècles, sans relever nos fronts, baisons sous nos portes écroulées le sable et la poussière de nos ruines, comme un esclave de Chaldée, quand il a donné à son maître sa coupe pleine et ses sandales brodées. Et nous, maître, nous vous avons donné nos cultes et notre foi ; l’Inde sous sa montagne secouait son encensoir ; la Perse allumait son candélabre dans le feu du désert ; Memphis penchait sur le Nil pour y laver le plat du sacrifice ; la Judée buvait, sans prendre haleine, le calice de sang, au plus haut de l’autel ; et nous toutes, les mains jointes, perdues dans la foule, Ninive, Thèbes aux dents d’ivoire, Bactres aux prunelles d’antilope, Ecbatane à la ceinture d’or, Tyr aux mamelles gonflées d’amour, nous marchions vers l’autel, en faisant un pas tous les mille ans, sous la nef du firmament que vous aviez bâtie de belles briques d’azur.
Le Père éternel.
Je m’en souviens. Mais pourquoi avez-vous élevé
si haut votre tour de Babel, qu’il m’a fallu,
avec mes anges, descendre sur le perron pour
renvoyer les ouvriers et pour briser leurs
truelles ?
Babylone.
Seigneur, tout en orient dépassait nos tê