Babylone.
Babylone.
Le Père éternel.
Et ces peuples qui se pressent dans ton chemin,
plus nombreux que les flocons de ma barbe sur
ma poitrine ?
Babylone.
Ils sont tous de l’orient. C’est Ninive, c’est
Bactres, c’est Thèbes.
Le Père éternel.
Qu’avez-vous fait ?
Toutes les Villes D’Orient.
Seigneur, Babylone est notre sœur aînée. Quand
nous étions toutes petites, assises sur nos
seuils, c’est elle qui nous apprenait à monter
par nos degrés au plus haut de nos tours ; c’est
elle qui parlera pour nous.
Je le veux bien.
Babylone.
Le désert que vous aviez fait autour de nous
était nu et sans voix. Pour le peupler, nous
avons envoyé paître dans le sable nos sphinx,
nos boucs de porphyre et nos griffons aux
ailes d’or, fondues dans nos creusets. Pas un
oiseau n’y faisait sa couvée ; nous y avons
engraissé, de nos mains, sur nos obélisques,
des éperviers à la poitrine d’homme, des ibis
ciselés dans le roc et des cigognes de granit.
Montées chaque soir sur nos terrasses, nous
regardions à la voûte du ciel si vous écriviez
quelque ligne nouvelle sur votre table, avec
l’or des étoiles. Quand le désert, dans la
nuit, se levait en sursaut, éveillé par le
vent du sirocco, et disait sur son séant :
où est allé mon maître ? Nous répondions : il
est là, sur la nue. Quand la mer, en secouant
son rivage, disait à la tempête : savez-