Dans cet amour si long, vous seules avez gardé sans le savoir mon souvenir. La terre a été votre temps de fiançailles. Vos noces seront aux cieux. Voici pour votre dot la bague que j’ai faite de tout l’or des étoiles.
la vallée de Josaphat. Tous les morts y sont rassemblés.
Le Temps, au Père éternel.
Seigneur, j’ai ménagé, tant que j’ai pu, mon
sablier. Grains à grains, lentement, j’ai laissé
retomber ma poussière sur les pas du genre
humain. Si quelque année plus rapide, et que le
bonheur faisait légère, s’échappait par hasard
de mes doigts, je rendais après cela toutes les
autres plus pesantes qu’un siècle. Heure à heure,
j’ai versé sa vie au misérable dans son cœur
ulcéré, comme la goutte d’huile dans sa lampe
de plomb qui n’éclaire plus sa table. Comme une
larme dévorante qui brûle le regard et qui ne
peut pas couler, j’ai suspendu dans la pensée
du poëte, sous sa paupière sans sommeil, ses
souvenirs et la sueur de ses années. J’ai
donné, goutte à goutte, à Ahasvérus le venin
de ses jours innombrables partout où il s’arrêtait.
Et pourtant, à la fin, mon sablier s’est épuisé.
Pardonnez-moi : je n’ai pu épargner mon sable
ni mon huile si bien qu’une âme fait sa vie,
et un esprit son souffle.
Mob.
Voici ma faux, seigneur. Quand vous me l’avez
donnée, elle brillait au soleil, et je pouvais
y mirer ma figure ;