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moi, qui avez jeté au vent, dans cette chènevière de fleurs et de menthe tant de froment doré, tant de poussières de ruines, tant de festins de rois, et si bien secoué votre van, que le blé s’en est allé avec l’ivraie, pour mieux nourrir nos couvées autour de vous ?



Paris.

Oui, c’est moi.



L’Oiseau Des Fées.

Eh bien, ne craignez rien, venez avec nous vers notre juge.



Paris.

Mais lui aussi, j’ai balayé son nom ; et je l’ai jeté à vos petits.



L’Oiseau des Fées.

Il ne s’est pas perdu ; nous l’avons ramassé et emporté sur nos ailes dans le bois du ciel.



Paris.

Mais le juge s’en souvient.



L’Oiseau des Fées.

N’ayez pas peur, nous parlerons pour vous.



Paris.

Donc, terre de France, levons-nous ! La trompette de l’ange ressemble aux clairons des combats.

Levez-vous tous, mes soldats, avec vos habits rongés par les vers ! Je ne vous ai donné, pour vous couvrir, que la poussière des batailles, pour que votre tombeau fût plus léger et que le sommeil de vos paupières fût plus facile à secouer.

Holà ! Ramassez vos restes de hallebardes et vos flèches émoussées, serfs de Bovines et d’Azincourt. Ma pucelle d’Orléans, lacez votre corset d’acier que la pluie a rouillé, poussez devant vous vos archers qui ressuscitent, comme vos blancs troupeaux de Vaucouleurs. Cavaliers et fantassins, déterrez vos tronçons de fusils, et