trésors, porté un jour, entre mes griffes, un peu de sable du désert, un brin d’herbe arrachée par la bise, à présent j’aurais au moins des feuilles mortes, j’aurais un peu de la poussière de mon chemin pour me faire ma litière.
Saint Marc.
Eh bien, va, si tu veux, pendant une heure,
sur la terre. En trois bonds tu l’auras
visitée.
Regarde ton caveau de Palestine et les os
blancs que tu y avais entassés ; tu viendras
après cela nous dire ce que tu auras trouvé.
Saint Jean.
Saint Marc, entendez-vous mon aigle qui glapit
sur mon épaule ? Son bec a dévoré mes rayons
d’or autour de ma tête ; son aile secoue sur
mes reins les boucles de mes cheveux ; sa langue
altérée lappe le bord de ma coupe qu’il a vidée.
Aigle du Christ, pourquoi glapir si fort sur
mon épaule ?
L’Aigle.
Maître, je vous en prie, laissez-moi retourner
dans le creux de mon ravin sur ma montagne de
Syrie. Ne verrai-je plus jamais, de ma
paupière de diamant, la mer battre de l’aile
dans son aire, sur sa couvée de flots qu’elle
a suspendus sous mon rocher ? Ne verrai-je
plus de ma paupière jaunissante, le soleil
qui se bâtissait son nid à découvert sur ma tête,
pour me faire une proie de feu dans ma
vieillesse ? Détachez l’anneau de mes pieds.
Mes yeux sont las d’épeler l’avenir sur votre
rouleau de parchemin ; mes serres se sont
usées à soutenir votre âme à la cime du ciel.
Prenez un autre que moi pour boire goutte à
goutte dans votre coupe votre boisson de flamme,
et pour déchiqueter de ses ongles son lambeau
saignant d’éternité. Que m’a servi, dites-moi,
de porter sur ma tête un diadème d’émeraudes et
d’or de sequins ? Que m’a servi d’embrasser dans
mes serres des sceptres d’empereurs,