midi, sur la grande marine, son filet tout démaillé, comme moi mon souvenir ; quand la mouette, toute seule dans le golfe de Lépante, cherche son ombre sous son aile, ou quand l’éclair du rivage d’Albanie vous dit : je veux luire, et regarder, jusqu’au fond de votre sein, comment est faite votre peine.
Le Chœur.
Va ! Tout tortueux qu’il est, le sentier de ton
poëme vaut encore mieux que la vie. Là, ta
blessure sera ton baume ; et, sans aller si
loin que l’Albanie, le soleil qui meurt sur
ta colline aspirera tes larmes dans ton sein
comme rosée. Assez aimé ! Assez souffert ! Trop
espéré ! N’attends plus que ton désir trop
éconduit s’achève avant la mort, ni que de
l’océan tu gardes dans ta main plus qu’une
goutte. à l’univers ne demande plus rien, que
deux rayons du jour pour voir, pour voir encore,
sous les voûtes, les peintures dorées des vieux
maîtres florentins, et le menu sentier que ta
pensée laisse en marchant. Après l’amour, après
la foi, l’art est beau, l’art est saint. Ce n’est
pas le ciel, mais ce n’est plus la terre.
Le Poète.
Si tu le peux, je le veux bien ; ramène-moi dans
ma pensée vers l’endroit où mes pas m’ont égaré ;
et je ferai comme celui dont les pieds suivent
son guide, et dont le cœur trop lourd reste
avec son poids en arrière. Pour toi, monde, en
te quittant, je te connais ; tu m’as brisé, tu
ne m’as pas vaincu ; c’est toi qui m’as tué,
c’est moi qui te méprise. çà, tu railles donc,
beau masque ? Une heure avant la mort, je m’en
suis aperçu : une heure ! Oh ! C’est assez !
Ah ! Que le cœur me bat ! Après m’être tu plus
qu’avant