sur vos flancs, de ronces, d’hysope et de votre éternelle douleur ? Reprenez vos ceps et foulez vos grappes sur vos coteaux ; à l’orient : pourquoi t’es-tu brûlé la face sous le soleil ? Pourquoi as-tu déraciné tes champs ? Pourquoi as-tu pris dans tes ruines ta tunique de cendre ? Baigne-toi de nouveau dans la rosée du premier jour du monde, et assieds-toi,
En riant, sur sa porte, pour que le soleil redore
tes cheveux. Ne sais-tu pas la nouvelle que mon
cheval apporte, quand il frappe si vite ton
seuil de ses ongles ? Je dirai à Rome, en
passant sur son chemin : la belle, la belle !
Pourquoi pleurez-vous et criez-vous soir et
matin : César ! César ! Pourquoi descendez-vous,
chaque année, d’un degré dans vos catacombes,
comme une fille qui va, en pliant la tête,
chercher dans son caveau une coupe de vin
écumant pour son hôte ? Remontez votre escalier ;
à votre plus haute fenêtre remontez pour voir
passer le joyeux messager qui n’a plus soif de
vin ni d’eau de source. Aux cathédrales, aux
chapes et aux chapelles d’Allemagne et de
Brabant, je dirai : holà ! Pourquoi vous
êtes-vous voilées, depuis la tour jusqu’au
pied, de dentelles noires, de crêpes de granit
et de manteaux de veuves ? Reprenez dans vos
cassolettes vos habits de vierges, vos fuseaux
couleur de marbre et vos tourelles dorées. Ne
savez-vous donc pas que vous n’avez été ni
fiancées ni épousées, et que votre nuit de noces,
vous l’avez passée debout dans le carrefour à
attendre mille ans vos épousailles, sous la
pluie ? à tout ce que mes yeux verront, je
dirai : pourquoi es-tu triste ? Herbe fauchée,
pluie de printemps, étoile qui tombes, feuille
qui trembles, nuée épaisse, vent qui gémis,
cloche qui hurles, ne savez-vous pas qu’il
n’y a point de Christ ? L’entendez-vous ? Il
n’y a point de Jésus de Nazareth ; il n’y a
point de seigneur du jugement dernier. Plus de