qui vomissent leur venin sur nos lèvres. ô Christ ! Pourquoi nous as-tu trompés ?
Chœur des Femmes.
O vierge Marie ! Pourquoi nous avez-vous trompées ?
En nous réveillant, nous avons cherché à nos
côtés nos enfants, nos petits-enfants et nos
bien-aimés, qui devaient nous sourire au
matin dans des niches d’azur. Nous n’avons
trouvé que des ronces, des mauves passées,
et des orties qui enfonçaient leurs racines
sur nos têtes.
Chœur des Enfants.
Ah ! Qu’il fait noir dans mon berceau de pierre !
Ah ! Que mon berceau est dur ! Où est ma mère
pour me lever ? Où est mon père pour me bercer ?
Où sont les anges pour me donner ma robe, ma
belle robe de lumière ? Mon père, ma mère, où
êtes-vous ? J’ai peur, j’ai peur dans mon
berceau de pierre.
La Cathédrale, au bruit des cloches et de l’orgue.
Dansez, dansez, rois et reines, enfants et
femmes ; ce n’est pas le temps de pleurer.
L’éternité se rit de vous, comme le vent, quand
il s’amuse, à travers les carrefours, avec l’herbe
des faneurs qu’il a ramassée dans les clairières.
Le Roi Attila.
Est-ce là mon royaume ? Il a six pieds de long
pour y coucher son roi. Maudites soient mes
amulettes ! Maudits soient les bâtons des
sorciers ! Ma jument s’est égarée dans la
forêt du Christ. Voyez ! Elle a renversé son
cavalier sous son poitrail noir. Dites-moi
donc, mes amulettes, où sont passés les
vautours couronnés avec les corneilles
grises qui les suivaient ? Dis-moi, ma belle
cavale noire, où sont passés mes peuples qui
croissaient sous la corne de tes pieds
d’ébène, comme les ombres du soir en
automne ? Les ombres sont restées. Mes frères
sont partis.