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dans ton lit sans fond où les pêcheurs pêchent les perles, plus que dans ton abîme teint de bleu, jusqu’au port de Macédoine.

Sus donc, Charlemagne et son écuyer ! Son empire est prêt, comme à l’oiselet son nid.

Pour le faire il nous a fallu trois coups de baguette. Morgande a brodé sa bannière, fleur d’épine a lacé son heaumet. Ni sabres, ni cimeterres de sultan ne le dénoueront. écoutez ! La marjolaine, la pâquerette, le romarin plient sous les escadrons. Sous les escadrons cuirassés, la terre tremble. Que de comtes, que de barons, que de hauberts, que de cimiers ! Plaisir des fées, que de voir, avant le soir, ce bel empire se rompre comme une lance de géant à l’écu de Roncevaux !

Sur un pavois porté par quatre empereurs, plus haut que tous nous élevons le pape. Sa mitre sera d’or, le plus fin qui soit à vendre. Nos meilleures filandières coudront sa chasuble.

Vraiment sa science est plus grande que la nôtre. Son vieux livre est enchanté jusqu’à la dernière page. çà, que chacun lui obéisse, sans délai ni demeurée ! Qu’en toutes choses il soit le premier ! Quand il voudra monter sur sa mule, roi d’Allemagne, tu tiendras son étrier.

Les ducs baiseront ses souliers, les comtes sa salle pavée, et la chaîne des âmes, comme un chapelet béni, pendra à sa ceinture.

Surtout, nous voulons, entendons, ordonnons, car c’est là notre plaisir, que terre et eau, source gazouillante, étoile vermeille, mer de Venise, de Brabant, écharpes déliées, chevelures de reines, anneaux, vitraux, ogives brodées,