Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

cette heure du soir, j’ai toujours été plus triste que pendant le reste de la journée.




Esplanade du château de Heidelberg.



Mob, vêtue en vieille femme du pays.

Tout nous promet, pour notre partie de plaisir, une journée magnifique. Je craignais d’abord ce nuage sur le Heilig-Berg.


(à Ahasvérus.)



Permettez-moi de vous confier Rachel un instant pendant que je vais cueillir un bouquet dans le cimetière. Ne la quittez pas au moins.



Ahasvérus.

Je vous le promets.



Mob.

Je ne fais qu’aller et revenir.



(elle sort.)



Rachel.

Non, il n’y a point d’endroit qui me plaise autant que ce bosquet. L’eau murmure sous le balcon des électeurs, les cerfs boivent à l’ombre dans la vallée. écoutez le cor de chasse des étudiants dans les tours, et puis le chant des pèlerins, et puis le bruit de l’orgue.

D’ici, vraiment, le chemin du Necker ressemble à un serpent qui a perdu derrière lui sa robe.

Les cerisiers fleurissent, le saint s’endort dans sa châsse, le Rhin dans le creux de son lit. Dites-moi, monseigneur, si votre pays est aussi beau que le mien.



Ahasvérus.