toute fatigue ; il guérit des chants comme des larmes. La coupe est de pur bois d’ébène : c’est moi qui l’ai ciselée dans les soirées d’hiver.
Un Musicien.
Puisque vous le voulez, nous ne vous refuserons
pas.
Mob.
Vous êtes trop honnête, monseigneur. Faites
passer, après vous, la coupe à tous vos
compagnons.
(Tous boivent, et tombent à la renverse sur le pavé.)
L’Etudiant, en jetant la coupe vide.
Malédiction ! C’est le vin et la coupe de la mort.
(il expire.)
Mob.
Pauvres fous ! Et la mort, n’est-ce pas l’ivresse
de la vie ? Qu’ils aillent la cuver sous la table
du monde jusqu’aux grandes ripailles du jugement
dernier.
Ahasvérus, assis sur une borne à la porte de la ville. Son cheval est étendu mourant à côté de lui, sur le chemin.
O Christ ! ô Christ ! Laisse-moi. Si j’étais
un sanglier traqué par des chiens, je me
sauverais la nuit dans ma bauge ; si j’étais
une branche de bois mort, le bûcheron me
ramasserait et me porterait à son feu ; si
j’étais un ver de terre, je m’endormirais
sous un caveau frais, dans le tombeau d’un
roi, et j’y filerais ma toile humide autour
de son humide couronne. ô bûcheron de Nazareth !
Prends-moi, prends-moi sur mon chemin aride.
Fossoyeur de Bethléem ! Enterre-moi dans ton
sépulcre, là où la pluie et la rosée ruissellent ;
prends-moi dan