l’épervier, à ramasser pour ta litière les feuilles séchées.
Je suis un marchand de Joppé, fatigué de
son voyage ; cache-moi sous un pan
de ton rocher : je te trouve plus belle qu’une
ville avec cent bastions, avec cent minarets,
avec ses femmes sous leurs voiles, avec son
roi sous un dais.
La Vallée de Josaphat.
Marchand, beau marchand de Joppé, pour être si
las, vous venez de pays lointain ; montrez-moi,
je vous prie, vos joyaux.
L’écho reprend.
« Est-il vrai que vous portez pour reliques, oui,
« pour reliques, votre plaie dans votre sein, et
« pour idole, oui, pour idole, sous votre manteau
« votre douleur ? »
Ahasvérus.
Je suis allé jusqu’où la terre finit, jusqu’où
commence la mer sans rive ; je suis allé
jusqu’à Byzance la bien bâtie, si tu la connais
par son nom. Sur son mur de basilique étaient
peints en or massif un porte-croix de Nazareth
avec douze compagnons, qui m’ont montré du doigt.
Que ferais-je plus loin ? L’ennui m’a pris.
J’ai assez vu de tours et de tourelles, de
colonnes et de colonnettes, et de béliers
contre les murs ; j’ai vu comment le monde
finit vers sa porte caspienne. Deux lions en
colère sur les degrés empêchent de passer.
Après eux un cerf d’Odin, avec son bois qui
a crû pendant mille ans comme une forêt sur
son front, obstrue l’entrée de la brume
éternelle. Encore plus loin, un corbeau croasse
à l’oreille de son maître, sous le frêne qui
porte sur ses branches, pour fleurs toute
l’année, les étoiles du ciel. J’ai plongé ma
coupe de vermeil dans la source qui bouillonnait ;
elle s’est remplie de larmes. J’ai appelé dans
la forêt ; j’ai entendu un soupir comme d’un
homme qui pleure. à présent mon voyage