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se sont levés d’eux-mêmes ; les faucons et les émérillons s’ennuient sur le poing des écuyers ; les chariots crient dans leurs essieux : et vous, belle étoile du matin, levez-vous donc, à votre tour, pour nous conduire.



L’étoile.

Chars et chariots remplis de myrrhe, c’est moi qui vous ai attendus depuis le milieu de la nuit ; ne perdez pas la trace de mes roues.



Les Chariots.

Nos roues sont plus pesantes que les vôtres, notre chemin est plus rude ; mais nous fouetterons de nos durs timons les croupes de nos cavales, et nous leur donnerons pour boisson la sueur de leurs crinières.



L’étoile.

Suivez-moi.



Les Chariots.

Nous partons.



L’étoile.

Où êtes-vous ?



Les Chariots.

Nous voici.



L’étoile.

Venez-vous ?



Les Chariots.

Dans votre poussière.



Les Rois Mages.

Belle étoile, nos royaumes sont déjà loin ; bientôt nous ne les verrons plus. Nous traversons maints pays et maintes villes, sans y demeurer.

Nos sceptres d’or massif sont nos bâtons de voyages, et nos couronnes de diamant nous abritent de la nuit. Jamais, à nos fêtes, tant de peuples n’ont baisé nos robes. Nous passons devant les caravansérails, sans nous asseoir à table. Les lions nous apportent,