avant le jour, avant la nuit, avant le bain, avant de nouer et de dénouer leur turban ; et que leur voile traîne à terre, si bien que leurs nattes amoureuses ne les voient pas. Faites écrire, au ciseau, mon histoire, sur un roc poli par les autans, en lettres de cinq coudées, et que les lions les puissent lire à leur guise, quand ils passeront par là. Asseyez-vous, pour m’attendre, à l’endroit où mon royaume finit ; et si mes peuples me demandent, rassemblez-les, comme le sable, pour élever dans l’Iran une mosquée aussi grande que leur ombre.
Les Griffons.
Pour rester à la porte de votre ville, mes ailes
sont trop rapides. Une haleine de Dieu a
effleuré ma crinière, et j’ai entendu hennir
cette nuit l’éternité du côté de Bethléem.
Depuis cette heure, mon ongle creuse l’abîme
pour partir. Mes naseaux flairent les cieux.
Laissez-moi courir devant vous comme un chien
devant son maître.
Le Roi De Perse.
Et qui donc veillera sur mes murailles ?
Les Griffons.
Le désert.
Balthasar, Roi De Babylone.
Mes présents sont les plus beaux. J’ai cent
châteaux, autant de villes ; chaque ville a
envoyé cent chameaux chargés de soie, de myrrhe
et de vaisselle ; chaque château, cent chevaux
de race avec les maures qui les conduisent.
Mon dais d’ivoire est porté par quatre rois
d’éthiopie, tous couleur de bois d’ébène ;
mon manteau, par quatre rois de Mésopotamie,
tous armés de flèches d’or. Sabres damasquinés,
baudriers d’argent, mitres de diamant,
candélabres allumés, cassolettes d’encens qui
fume, turbans brodés par mes femmes, remplissent
ma cour ; les mules bondissent sur les dalles.
Les chameaux agenouillés,