sous le glaive avec le bouclier, j’ai frissonné avec la bataille dans le Granique.
Saba.
Moi, mon pays est plus loin. Ni astrologues ni
devins ne vous diront où il est. Les esprits
ont bâti ma tour, les péris ont bâti ma
muraille, les fées y demeurent. Ma reine
est de toutes la plus sage. énigmes ou
hiéroglyphes, elle lit, sans épeler, les
livres de pierre. Son trône est fait de
corail, sa baguette est enchantée, le chemin
de sa pagode est semé de sable d’or.
Bactres.
Mon fiancé m’a menée sur la montagne de Médie.
J’ai grimpé après lui par un sentier raboteux : il m’a donné des amulettes pour m’en faire un
collier, trois flèches pour me défendre, trois
tours pour y monter, trois dieux pour adorer.
à présent un devin de Chaldée me dit sur
ma porte ma bonne aventure.
Palmyre.
Hier, toute seule, je suis allée au désert
cueillir des dattes. Ah ! Que le désert est
triste ! Ma colonne s’ennuie de ne voir que du
sable, ma porte me crie sur ses gonds :
allons-nous-en. Personne ne passe ici, ni marchand,
ni berger ; et moi j’ai peur que les licornes ne
viennent ronger mes degrés, et que les dragons
ne se glissent sous mes sandales de marbre.
Cette fois, ma sœur, m’avez-vous entendue ? J’ai
parlé avec une voix de peuple ; j’ai parlé avec
les pas des cavaliers dans mes cours, avec le
fouet des écuyers, avec le cliquetis de la
lance, avec la litanie des prêtres, avec un
mur qui croulait dans ma salle, avec une
couronne qui tombait de la tête de mes rois.
Babylone.
Oui, je vous entends ; votre foule gronde. Pour