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Avant le laboureur et ses fils rassemblés,
L’alouette quêteuse a glané dans les blés
Quand la gerbe est liée et que le chaume brille,
Où sont les moissonneurs, et que fait la faucille ?
Les moissonneurs au bois errent dès le matin ;
La ferme abandonnée est cachée au ravin.
Le char fuit en criant sur la route pavée.
La colombe rustique appelle sa couvée ;
Blême est la terre, au loin, sans source, ni gazon ;
Et l’immense forêt tressaille à l’horizon.
Au verger d’Hougoumont, où blanchit l’aubépine,
La génisse flamande a foulé l’églantine.
Holà ! Le bouc errant insulte le chevreau.
Va, berger, hâte-toi de paître ton troupeau.
Sinon, avant demain, sur le bord de la haie
Le bœuf aura rongé le bon grain et l’ivraie.
Comment, à Mont-Saint-Jean, au champ du laboureur,
Le chevrier d’écosse est-il venu sans peur
Sonner sa cornemuse ? Et dans l’ardente plaine
Qu’enferment Planchenoit, Rossomme, Merkebraine,
Comment les montagnards nés aux monts de Glenco
Ont-ils appris leurs chants et leurs noms à l’écho ?
Comment, à Mont-Saint-Jean, les moissonneurs des îles
Se sont-ils partagés dans leurs sillons fertiles ?
Que faisaient là, sans soc, sans herse et sans fléau,
Les bouviers d’Albion ? Comment à Waterloo
Avec l’herbe, en un soir, les faucheurs des Hébrides
Ont-ils fauché le cèdre éclos aux pyramides ?