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Comment nourrirons-nous l’enfant de vos sueurs ?
Que faut-il lui donner pour apaiser ses pleurs ?
—Les petits des vautours dans les champs homicides,
Et la chair des lions aux pieds des pyramides.
—Comment vêtirons-nous cet enfant d’un héros ?
Du lin de la moisson ? Des toisons des troupeaux ?
—Non pas de vos toisons, ni du lin des quenouilles,
Mais du lin des combats trouvé dans leurs dépouilles.
—De quoi remplirons-nous sa coupe de rubis ?
Du vin de notre vigne ? Ou du lait des brebis ?
—Non du lait des agneaux que la louve épouvante,
Mais du vin de l’épée en sa vigne sanglante.
—Sire, comme son père il régnera sur nous.
Tous nos jours sont à nous. Nous les lui donnons tous,
Avec ces bois, ces monts et ces champs de vaillance,
Et ces astres changeants que l’on appelle France. "
Mais l’enfant a pleuré sur le cou du héros,
Quand les sabres ardents ont jeté leurs fourreaux ;
Et la foule, s’ouvrant au loin sur son passage,
Grondait comme une mer qui ronge son rivage.



XXXVI. LEIPSICK

 
Silence ! Tout se tait ! Dormez-vous, sentinelle ?
Le hibou gémissant a déployé son aile !
La nuit est froide et longue, au pays où le Rhin
S’endort comme un guerrier, sous sa tente de crin.