Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tu ne sentiras plus dans ton âpre sillon
Que le fouet du bouvier et son froid aiguillon ;
Et l’épi qui croîtra dans ton champ de bruyère
S’appellera néant, et fera ta litière.
Ah ! Que sert de fouiller la terre de ton pied !
Va ! Ton herbe est amère, et rude ton sentier.
Tortose à sa ceinture a pendu son épée.
Salamanque trois jours dans ton sang s’est trempée.
Et le tauréador a dit dans ton enclos :
Le faut-il immoler, répondez, hidalgos !
Et cent peuples muets, sur leurs gradins d’albâtre,
Spectateurs entassés dans leur amphithéâtre,
Au pied du mont Oural, des Alpes, du Carmel,
Se sont penchés au bord de leur cirque éternel ;
Et, regardant l’arène et Valence qui pleure,
Et le monstre debout, ont répondu : qu’il meure !
Qu’il meure ! Ont répété les portes caspiennes,
Qu’un géant invisible aux rives cimmériennes
Ébranle avec fracas sur leurs durs gonds d’airain.
Qu’il meure ! A dit l’Oural. Sur la hutte de crin
Où vers la mer d’Azof le tartare demeure,
Le vent du désert passe et répète : qu’il meure !



XXXII. MOSCOU

 
Et plus loin que l’Atlas, plus loin que le Thabor,
Mais plus près que l’Oural, avec ses sables d’or,