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L’Asie est partagée ainsi qu’un pan de toile :
Le coran obéit au livre du chrétien.
L’Égypte musulmane, et le Caire et Médine,
Serviront de litière à la mule latine.
Damas au mécréant a payé le miri.
De son nid de vautour Gézaïr enlevée
S’enfuira pour jamais sans prendre sa couvée,
Et Tunis et Calpé répéteront son cri.
J’en jure par le sable et la rive sanglante !
Nul ne connaîtra plus la place de sa tente.
Chaque jour apprendra des usages nouveaux.
L’œil verra des douleurs que l’œil n’a jamais vues ;
L’oreille écoutera des langues inconnues ;
Et les morts pleureront aussi dans leurs tombeaux.
Qui l’eût dit, que le frein forgé loin de l’Asie
Au désert eût dompté le coursier d’Arabie ?
Qui l’eût dit, que la torche allumée au couchant
Eût du vieil Orient consumé l’espérance ?
Que l’épée aiguisée aux rivages de France
Fût venue au Carmel essayer son tranchant ?
J’en jure par l’anneau, par le lait des chamelles.
Moslem s’habillera du lin des infidèles ;
Le croyant videra la coupe du giaour.
Jaffa verra Stamboul repasser le Bosphore,
Non plus sur sa galère, éblouissant l’aurore,
Mais veuve en son caïque, et pleurant tout le jour.
Mais alors l’Albanie, au jour de l’épouvante,