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Pour les lions du Nil à la croupe fumante,
Et surtout pour Nassouf-pacha de Tripoli.
—Comment faut-il prier pour les beaux janissaires,
Quand les belles houris ont fermé leurs paupières ?
Et pour les mamelouks sortis du franguistan ?
—Quand les houris ont clos leur paupière en la nue,
Priez par le poignard, par la lance perdue,
Par l’ataghan des beys, et par leur bleu turban !
—Comment pour les spahis aux bruyantes timbales ?
Comment pour les agas que foulent leurs cavales ?
Pour le roméliote au fusil enchanté ?
Pour ceux que le Nil pousse aux tièdes mers d’Asie ?
Et pour ceux qu’il rejette en passant vers Sédie ?
—Priez par le tranchant du sabre ensanglanté.
Maintenant, écoutez, l’oreille contre terre !
Le grand désert bondit, ainsi qu’une panthère.
Malheur au mécréant qui trop tôt l’éveilla !
Pour toujours il remplit ses vides pyramides
Des cent voix de l’épée, et d’échos homicides ;
Et l’écho du désert redit partout : Allah !
—Du haut des minarets que voyez-vous encore ?
Le cri qu’on jette au Nil retentit au Bosphore.
À cette heure que fait le grand Bounaberdi ?
—Il fait signe au combat comme on parle à l’esclave,
Et les chevaux de Tyr à sa voix qui les brave,
Effarés et tremblants, répondent : effendi !
J’ai vu vers Embabeh, sur sa rive éperdue,