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Avait oublié par hasard
Dans le sillon de l’Italie.
L’Occident me gêne et m’ennuie :
Son maigre sol est sans engrais
Pour enraciner à jamais
L’arbre sanglant de mon génie.

Son écho trop vite est lassé,
Et son encens trop tôt passé.
Son vin amer trop vite enivre.
Il n’a qu’une page en son livre
Que le vent par le vent poussé,
Chaque jour, emporte et déchire
Avec le nom de son empire.
Le pays que j’aime le mieux,
C’est l’Orient aux vastes cieux :
Il a de hautes pyramides,
Et des monts de sables arides,
De vieilles villes de granit
Où mon aiglon fera son nid.
Il a des puits de renommée
Pour désaltérer mon armée,
Et l’écho des déserts béants
Pour des batailles de géants.
Là-bas des sphinx au front d’ivoire
Veilleront au pied de ma gloire,
De peur que les boucs du chemin
Ne rongent ses ongles d’airain.
Ma tente y sera mieux dressée :
C’est le pays de ma pensée.
Adieu. Je pars pour le désert.
Je n’en puis dire davantage.
En égypte où le Nil se perd
Envoyez-moi votre message. "