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Non, non, d’Arcole et de ses sœurs
Jamais ne soyez plus jalouse :
Leurs jeux ne sont que jeux d’enfants,
De vierges aux fronts rougissants.
Ma tâche à peine est commencée,
Et déjà ma gloire est passée.

L’éternel a mis en ma main
Son marteau pour frapper la terre,
Et moi, sur le bord du chemin,
Je perds mon temps et mon salaire.
Sur le sentier que j’ai foulé
Pas un empire n’a croulé,
Et l’herbe croît sur ma victoire.
Dans le Nil ou dans le Jourdain
Je n’ai pas encor mené boire
Mon cheval aux sabots d’airain ;
Pendant qu’à mon âge Alexandre
Avait tari tout le Scamandre,
Ôté sa tiare au persan,
Son toit de marbre à Tyr en cendre,
Et son orgueil au mont Liban.
Si je retournais en arrière,
Tant qu’un soldat suivra mes pas
Pour vous rapporter ma poussière,
Vous me chasseriez de vos bras ;
Et de mon sabre qui se rouille
Vous me feriez une quenouille.

Quand il nous viendra des enfants,
Ils me renieront pour leur père,
Si dans leurs berceaux triomphants
À leurs pieds je ne mets la terre.
J’ai glané l’épi de la guerre
Que la faucille de César