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La Maremme sanglote. On entend sur ses bords
Le clairon retentir. Au fond des eaux tremblantes
On voit rouler des chars et des armes sanglantes,
Et sur l’étang des morts passer l’âme des morts.



VIII. LE CHANT DES MORTS

 
—En Italie, où croît l’olive,
Où la vigne en arceaux grandit,
Où le myrte embaume la rive,
Au pont d’Arcole, avez-vous dit ?
J’y suis allé dans les semailles,
Quand passait le soc des batailles ;
J’y suis allé dans la moisson
Lier ma gerbe à mon arçon.
Au loin sur le mont, dans la plaine,
J’ai déroulé, jeune soldat,
La tente où notre capitaine
Dormait au branle du combat.
Qu’il était beau quand le nuage
Pâlissait son pâle visage ;
Quand il partageait mon pain noir
Sous l’arbre des vivants, le soir !

Vous, qui chantez ici quand le monde sommeille,
Dans le pays des morts, votre voix nous réveille ;
Et nos froids bataillons, altérés d’un vain bruit,
Frappant à l’unisson leurs armes émoussées,