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NAPOLÉON.

Mais de léopards, de lions,
Comme ils sont peints sur les blasons.

Et de sa main choit sa quenouille,
Et de ses pleurs elle la mouille ;
Elle regarde au loin sur l’eau,
Et laisse aussi choir son fuseau.


III

la bohémienne.

 
Son fuseau dort ; sa lampe luit ;
Son feu s’éteint ; il est minuit.
Qu’attend-elle encor sur sa porte ?
L’heure a sonné, le vent l’emporte.
La lune au front du firmament
Verse son pâle enchantement ;
La bohémienne chante et pleure,
Et dit à la porte : c’est l’heure.

— Bohémienne, je vous entends.
Entrez sans peur, je vous attends.
Demain mon fils part dans l’orage ;
Dites-moi, fera-t-il naufrage ?
Reviendra-t-il sain dans le port ?
Le reverrai-je avant ma mort ?
Ah ! Bohémienne, au clair de lune,
Dites-moi sa bonne fortune.

— Enfant, venez ! Jusqu’à demain
Tenez votre main dans ma main.