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NAPOLÉON.


— Sans trembler devant les rois même,
Sa main tiendrait un diadème.
Le voulez-vous ? dites-le moi :
Il sera le page d’un roi.
— Vraiment les rois n’ont plus de page
Qui porte aux reines leur message.
Ils n’ont que leurs yeux pour pleurer,
Et que leurs cœurs pour soupirer.

— Il sera le diacre du pape ;
C’est lui qui portera sa chape,
Sa mitre, sa bulle à Noël,
Et l’encensoir d’or à l’autel.
— Non, le pape n’a plus de bulle,
Plus de mitre d’or, ni de mule.
Son toit est battu par les vents,
Et l’encensoir n’a plus d’encens.

— Que la tempête soit sa mère,
Et que l’orage soit son père.
Sur un vaisseau battu du flot,
Nous en ferons un matelot.
— Le flot trop tôt le flot efface ;
Trop mensongère est sa surface ;
Et l’Océan n’a point d’îlot
Assez grand pour ce matelot.

— Ses yeux sont d’un aigle en son gîte ;
Son bras est fort, son cœur bat vite.
Il sera chasseur dans les bois,
Chasseur de cerfs et de chamois
— Non de chamois dans les pacages,
De cerfs tremblants sous leurs ombrages ;