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DU MANGEUR D’OPIUM

L’état de frais du collège étant de 66 livres 9 shellings ; les extra non fournis par le collège étant de 24 livres 6 shellings, nous arrivons à une somme totale de 90 livres 15 shellings. Et cette somme permet de faire face à toutes les dépenses, sans exception, que comporte la vie d’Oxford, pendant une période un peu supérieure à la durée du séjour permis, c’est-à-dire trente semaines. Il est vrai qu’aux dépenses de la première année, il faut ajouter celles de l’équipement et à celles de chaque année les frais de voyage ; il y aura ainsi vingt-deux semaines qui seront en dehors de ce calcul, mais comme je ne m’occupe que d’Oxford, je n’ai point à en tenir compte.

Que cette évaluation soit exacte, je ne le sens que trop ! Plût au ciel qu’elle ne le fût pas, qu’elle fût fausse. S’il en était ainsi, je me justifierais mieux d’avoir été en relation avec les juifs trompeurs, et d’avoir ainsi commencé à dilapider ma petite fortune. Elle est exacte, et elle se rapporte à une époque (1804–1808) de cherté bien plus grande qu’aujourd’hui. Si quelqu’un en contestait l’exactitude, je lui adresserais cette demande particulière, de désigner l’article spécial qu’il déclare inexact. Je prévois qu’il ira ainsi au devant de mes objections : « Je ne conteste aucun article en particulier. Si votre estimation est erronée, ce n’est point sur des choses positives, mais à cause de ce qui n’y figure point. Ce qui ôte toute valeur au calcul, c’est l’absence d’allocations pour parer à certaines dépenses inévitables. » Très bien, mais nous pouvons appliquer, en cette circonstance comme en bien d’autres, les paroles du docteur Johnson. « Monsieur, la raison pour laquelle je ne bois pas de vin, c’est que je puis pratiquer l’absti-