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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

c’est-à-dire l’existence d’un corps nombreux d’étudiants volontaires qui ne cherchent qu’à se faire une éducation libérale, et ne visent point aux avantages pécuniaires d’une vie académique. Quand on raisonne sur ce cas, il n’est pas d’une logique exacte de dire : ces occupations sont incompatibles avec le décorum d’un caractère studieux. Il n’est pas loyal de faire le calcul du temps que perd l’homme de lettres, quand il pratique avec passion la chasse au renard ; il faut au contraire calculer ce que gagne le chasseur de renard, et ce gain, quelle qu’en soit la valeur, est un gain, et de plus un hommage considérable qui est rendu aux lettres, puisqu’il résulte des relations fréquentes avec des gens instruits. Tout ce qu’on obtient dans ce sens est probablement beaucoup plus que ce qu’on obtiendrait par un système de tolérance moindre. Lucro ponamus[1], disons-nous du plus petit profit qui vient de là. Mais quand je parle de tolérance à l’égard d’actes ou d’habitudes formellement en opposition avec les statues, j’entends borner mes allusions à ce qui est moralement indifférent par nature, de ce qui n’est interdit qu’à raison du préjudice indirect, ou de ce qui peut aisément prendre des proportions excessives. En effet, en ce qui concerne les fautes plus graves (comme les jeux de hasard, etc.), les plus malveillants fauteurs d’accusations contre Oxford ont dû savoir que bien loin de les tolérer formellement, on n’aurait pas même à Oxford l’idée de cette tolérance. Dès qu’un fait de cette nature serait mis sous les yeux de l’Université, en pleine lumière, et avec des preuves bien

  1. C’est autant de gagné.