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moyens d’isoler leurs jeunes gens de la contagion mondaine. C’est pour elle un malheur, et non point un système d’indifférence criminelle que de se résigner à un relâchement aussi funeste des habitudes académiques. Mais qu’elles ne prétendent point présenter aujourd’hui ce malheur comme une circonstance atténuante, et demain en nier la réalité même. Qu’on ne leur permette pas de jeter la pierre à Oxford à propos de cet élément d’une sage éducation, car chez elles, grâce à ce vice originel de constitution, à ce défaut de tout moyen de tenir enfermé et isolé leur personnel, toute discipline est détruite d’avance, car elle passe au rang des impossibilités : dès lors les murs du collège ne servent à rien de vivant. Ils n’ont d’autre objet qu’une commodité, celle de rassembler les étudiants pendant une heure ou deux que va durer la leçon, cela se nomme ainsi, et la leçon terminée, chaque sous-gradué reprend toute sa liberté, se perd de nouveau parmi les foules humaines, fréquente les lieux qu’il préfère, et s’il le veut termine sa journée au —, ou si l’on préfère, chez lui, dans un chez-soi qui non seulement est hors de toute surveillance, de tout contrôle de ses supérieurs, académiques, mais leur est même inconnu. On verra par la suite de mon exposé jusqu’à quel point cette discipline s’applique efficacement à Oxford. Mais déjà on accordera tout au moins qu’Oxford, possédant seul ce caractère distinctif, des ressources qui lui permettent de loger dans les cloîtres qui lui appartiennent en propre tous ses jeunes disciples, possède par là un avantage auquel il ne pourrait renoncer même de son plein gré, l’avantage de connaître avec certitude quelles sont les habitudes