On les traitera, on les combattra comme ils le mériteront. La morale est chose de poids, et il est malaisé de l’apprécier d’une façon erronée. Mais les essences fugaces, volatiles, impondérables qui composent l’esprit des mœurs, ne sont réellement susceptibles d’être traitées d’une façon juste et intelligible par de simples mots, qu’à la condition qu’on y joigne l’aide et l’interprétation d’exemples éternels, tirés d’une expérience absolue.
En attendant, le lecteur ne m’accusera pas de sentir en aristocrate, maintenant qu’il sait ce que j’admire dans l’aristocratie, et quelles réserves je fais. C’est mon infirmité, s’il plaît au lecteur de se servir de ce mot, de ne pouvoir me créer un idéal de société heureusement organisée, sans y faire entrer comme élément capitale, et peut-être dans une proportion excessive, dans les mœurs, de certains raffinements qui, aux yeux de maints honnêtes gens, existent à peine comme objets d’une observation consciente. Dans le même esprit, mais sans admettre qu’il y ait quoi que ce soit d’efféminé, alors même que je le porte à l’excès, je dédaignerais de certaines choses bel et bien indispensables de la vie, bien mieux, bien plus volontiers que de certains détails d’élégance et de convenance dans la manière d’en faire usage.
Avec ces sentiments, — et si le lecteur aime mieux ces faiblesses, — j’étais placé dans une position$singulièrement heureuse. Mon père, comme je l’ai dit, n’avait pas de qualités brillantes ; mais l’intégrité morale, dont j’ai fait l’attribut de sa classe, était si fortement prononcée en lui que, dans mes premières années, et longtemps après sa mort, je rencontrai de temps à autre des inconnus qui me disaient, en propres termes (tant