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ture, moi compris. Non que cela nous inspirât la moindre jalousie, loin de là. L’idée qui se présentait à notre esprit, comme elle se présente tout naturellement à des esprits d’enfants se ramenait à celle d’une marque de respect envers la dignité masculine, que comportait le fait d’être exposé à des caresses féminines, sans qu’on les eût provoquées. C’était, selon nous, porter encore les insignes de la première enfance. C’était une preuve que l’objet d’une tendresse aussi démonstrative, aussi publique, aussi libre, devait être regardé comme un simple bébé. Et je n’ai pas besoin d’ajouter que la cause qui motivait cette distinction, la beauté de la figure, est regardée comme une distinction équivoque tant par la multitude que par le plus grand nombre de ceux-là même qui la possèdent. En tout cas, c’était certainement la manière de voir de mon frère. Aucun de nous ne sentait aussi vivement que lui le ridicule de sa situation, et quand son âge plus avancé l’eut délivré de cet hommage matériel rendu à sa beauté, il ne cessa jamais de regarder la beauté en elle-même comme une dégradation. Il ne pouvait supporter aucune flatterie fondée sur elle, bien qu’en somme elle lui ait rendu service dans les malheurs qu’il éprouva par la suite, et où nul autre don n’eût pu lui être de la moindre utilité. Sans doute il arrive souvent que le naturel des hommes donne un âpre démenti à ce que promet leur physionomie, car personne n’eût voulu croire que sous ces traits gracieux et animés comme ceux d’un Narcisse, se cachât, comme je le crois fermement, une âme héroïque, avec autant de courage qu’un homme pouvait en posséder, avec la force de se soumettre patiemment aux privations et de