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DU MANGEUR D’OPIUM

fait qui ne peut s’expliquer, c’est que de nombreux déserteurs des régiments de la milice, après s’être bien conduits pendant toute la campagne, et avoir soutenu fidèlement l’honneur de leurs drapeaux, passèrent ensuite dans les rangs de cette confédération sylvestre, ce qui augmenta la difficulté de la déloger. Une autre bande, établie dans les bois et les montagnes du comté de Wicklow, se rendit encore plus redoutable, et continua à infester la contrée avoisinante pendant tout l’hiver suivant. Pour ceux-là, on ne put les déloger de leur terrier que quand un de leurs chefs eût été tué dans une escarmouche nocturne par un jeune homme qui défendait sa maison, et que l’autre, las de sa vie de sauvage, se livra à la rélégation.

Ce fut avec une satisfaction générale, dans toute l’Irlande, que l’on vit, le jour même qui précéda l’engagement décisif de Vinegar-Hill, Lord Cornwallis faire son entrée à Dublin comme nouveau Lord-Lieutenant, et que bientôt après eut lieu le départ de Lord Camden.

Une proclamation lancée dans les premiers jours de juillet, promit une amnistie générale à tous ceux qui n’avaient versé de sang que sur le champ de bataille, et il est hors de doute qu’elle fit merveille pour guérir les agitations du pays.

Néanmoins on crut nécessaire de procéder sévèrement contre les chefs ou les agents les plus en vue de l’insurrection. La loi martiale était toujours en vigueur, et sous cette loi, ce qu’on nomme une justice sévère n’a souvent rien de commun avec la justice. Beaucoup, de ceux qui avaient fait preuve de la plus grande générosité et s’étaient exposés à d’assez grands dangers, furent désignés comme victimes. Bagenal Harvey, gentleman