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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

Humbert avait commandé contre les royalistes de la Vendée comme sur le Rhin. C’était donc un adversaire ambidextre, également propre à la guerre de partisans et à la tactique des armées régulières. Voyant très nettement la nécessité, que lui imposait sa situation à lui, d’agir avec énergie et promptitude, et après avoir, le 22 août, le soir même de son débarquement, occupé Killala, où la petite garnison de cinquante hommes (yeomen et miliciens) avait fait une résistance passable, et après quelques petits engagements, il avait marché sur Castlebar, avec environ 800 de ses hommes, et 1.500 ou 1.000 des insurgés. Là se trouvait l’avant-garde de l’armée royale. Le général Lake (le Lord Lake de l’Inde) et le Major général Hutchinson (le Lord Hutchinson d’Égypte) avaient réuni sur ce point une force respectable : quelques-uns disent plus de 4.000 hommes, d’autres disent moins de 1.100 ; j’ai entendu dire, par des personnes qui peuvent être regardées comme des témoins oculaires dignes de foi, que le tout pouvait s’élever à 2.500 hommes. On connaît le honteux résultat : les Français marchant toute la nuit à travers les montagnes, franchissant un défilé qui passait pour imprenable s’il eût été occupé par un bataillon et non par la garde d’un capitaine, surprirent Castlebar le matin du 27. Je dis surprirent, car il n’est pas d’autre mot qui exprime ce qui se passa. Vers deux heures du matin, un courrier avait apporté la nouvelle de la marche des Français, mais l’entêtement inexplicable du quartier-général, qui s’est montré si fâcheux plus d’une fois au cours de la campagne dans le Wexford, empêcha d’ajouter foi à cette nouvelle, et pourtant tout en n’y croyant pas, était-ce une