Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
DU MANGEUR D’OPIUM

déclarer qu’alors leur vie ne tint qu’à un fil, et que ce fil se fût rompu, si le Lord Lieutenant n’était arrivé à marches forcées. « Nous apprîmes avec épouvante, disaient-elles, la folie qui caractérisait les actes de nos soi-disant amis, et nous n’aperçûmes de chances de salut qu’auprès de nos ennemis publics, l’état-major du corps français. »


IV

L’INSURRECTION IRLANDAISE


À l’époque de mon séjour sur le théâtre de ces événements, il se répétait couramment une certaine histoire que chacun rapportait. Il ne serait pas loyal de la reproduire, sans dire en même temps que l’Évêque, dont le tact s’était fort compromis dans l’affaire, avait la franchise de s’en faire à lui-même de vifs reproches, et applaudissait toujours les rebelles pour la leçon qu’ils lui avaient donnée. Mais elle servira encore à montrer combien était contagieux cet aveugle esprit de morgue aristocratique qui animait le parti royal.

Voici de quoi il s’agit :

« Chaque jour de nouvelles forces royales s’accumulaient sur les postes militaires qui avoisinaient Killala, et on pouvait les apercevoir des parties élevées de la ville. En même temps il circulait, d’heure en heure, à Killala des histoires relatives aux atrocités qui marquaient leur mar-