et que ce vague savant a été l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise[1]. » Et, plus loin, revenant sur la même idée pour y mieux appuyer, l’écrivain de la Revue des Deux Mondes ajoutait et concluait : « Quant à l’opium, son rôle dans la vie de Quincey fut, je le répéte, fort restreint. Les singularités de son caractère et de sa littérature ne doivent rien, en tout cas, à cet usage de l’opium, Quincey a été, dès le début, l’homme et l’écrivain qu’il est toujours resté. L’opium lui a seulement servi de prétexte pour attirer l’attention sur ses poèmes en prose. Cet homme extraordinaire avait, d’ailleurs, toutes les audaces. Après la mort de son ami Coleridge, qui avait été réellement une victime de l’opium, il s’attacha à établir, en faisant, d’ailleurs, le plus grand éloge de Coleridge, que le poète défunt n’avait jamais été un mangeur d’opium sérieux et que lui seul, Quincey, avait droit à ce titre. Et c’est ainsi que, ignorant l’extraordinaire écrivain des Césars et de la Diligence, nous connaissons tous Quincey le mangeur d’opium, dont on a pu dire sans trop d’invraisemblance qu’il n’avait jamais mangé d’opium dans sa vie[2]. »
Mais, bientôt après, la thèse qui fait de Thomas de Quincey une victime de l’opium trouva dans la même Revue des Deux Mondes un champion résolu en la personne de Madame Arvède Barine, critique non moins compétent.
« Si jamais homme gâcha les dons reçus en naissant, dit notamment Madame Arvède Barine, ce fut celui-là. Quincey n’avait pas vingt ans qu’il avait déjà mangé son blé en herbe ; à l’université, il ne pouvait plus travailler qu’en s’excitant avec de l’opium. Certainement il a une excuse. Qui n’en a pas dans ce monde ? Son