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DU MANGEUR D’OPIUM

ges, qui, les uns comme les autre, paraissaient contemporains du temps de Cromwell, ou même plus anciens ; et les noms d’autrefois, pour quelqu’un de familiarité avec les grands faits de l’histoire irlandaise, ajoutaient souvent à l’illusion. Ce n’est pas que je prétende connaître à fond l’histoire d’Irlande par son côté irlandais, mais comme c’est une partie fort en vue dans la politique difficile que suivirent la reine Élisabeth et Charles Ier, et Cromwell, quiconque a lu l’histoire d’Angleterre connaît plus ou moins les O’Neills, les O’Donnells, les Ormond (c’est-à-dire les Butlers) les Inchiquins, et les De Burgh. Je ne tardai pas à m’apercevoir que l’aristocratie d’Irlande peut se diviser en deux grandes sections, — les Irlandais d’origine — qui pourraient être considérés comme des immeubles, — et ceux qui dépensaient une assez forte proportion de leurs revenus à Bath, à Cheltenham, à Weymouth, à Londres, etc., pour devenir presque entièrement anglais. Ce furent surtout les premiers que nous visitâmes, et je remarquai qu’au milieu de l’hospitalité la plus large, et du plus ample confort, quelques-uns d’entre eux étaient en arrière de la gentry commerciale anglaise, quant aux raffinements modernes du luxe. Ils montraient en même temps de la force de caractère, comme s’ils avaient été élevés au milieu de scènes turbulentes, et une originalité piquante dans leurs manières, qui m’intéressait profondément et gravait leur souvenir en ma mémoire.

Notre voyage de Mayo nous fit souvent traverser des localités rendues célèbres non seulement par des événements historiques, mais encore par les récentes et désastreuses scènes de la rébellion,