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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

indépendant s’opposeraient efficacement à tout Acte de Poynings qui aurait pour objet de prévenir une collision du gouvernement local avec le gouvernement central. Chacun serait le maître absolu dans sa sphère propre et ces deux sphères ne pourraient se heurter. Le parlement distinct de l’Irlande ne fut pas, à l’origine, une marque d’honneur de l’indépendance ; il doit sa naissance aux convenances ou plutôt à la nécessité, à une époque où les communications étaient difficiles, lentes et interrompues. Le Parlement qui sortit de cet état de choses, pouvait être contenu par une règle telle que l’acte Poynings, qui annulait ipso facto les lois qui se trouveraient en contradiction avec le pouvoir suprême ou central. Mais nulle loi, dans les dispositions d’esprit qui y correspondent, ne peut efficacement limiter la juridiction d’un Parlement qui a été conservé, de l’aveu de tous, par un principe d’honneur national. Ainsi donc toutes les considérations possibles de convenance, tant pour le service public en général, que pour la prompte expédition des affaires, exigeaient impérieusement l’absorption du parlement local dans le parlement central ; et un Irlandais ne pouvait s’opposer logiquement à cette mesure qu’à la condition de se placer sur le terrain des principes, au-dessus de toute convenance, de tenir compte, en somme, du seul honneur et de la dignité de ce pays, alors que chaque année rendait moins absurde la thèse qu’il était capable d’une existence indépendante.

Néanmoins, en ces temps-là, l’Irlande n’avait pas de champion capable : les Hood et les Grattan n’étaient pas encore à la hauteur. Si hostiles qu’ils fussent, ils se mouvaient dans les limites