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LA FILLE DU LIBAN



Damas, la première née des cités. Om el Denia[1], mère des générations, qui existait avant Abraham, qui existait avant les Pyramides, quels sons fuyant par une porte dérobée qui s’ouvre à l’Orient sur des sentiers secrets, et vers le désert lointain, quels sons troublent le silence solennel d’une nuit orientale ? Quelle voix appelle les satellites qui montent une garde éternelle sur la tour, au-dessus de la porte, et les invite à le recevoir quand il rentre dans sa demeure syrienne ? Tu le connais, Damas, tu l’as connu dans les jours de trouble comme un homme savant dans les afflictions humaines ; aussi sage pour conseiller dans les souffrances de l’esprit que pour celles du corps. La voix qui interrompt la nuit est la voix d’un grand évangéliste, l’un des quatre — il est aussi grand médecin. C’est lui que reconnaissent joyeusement les gar-

  1. Om el Denia, mère du monde, tel est le sens du nom arabe de Damas. Son existence est antérieure à Abraham, c’est-à-dire qu’elle était déjà ancienne plus de mille ans avant le siège de Troie, plus de deux mille ans avant l’ère chrétienne, comme on peut le conclure de la Genèse (15, 2) ; du consentement de toutes les races orientales, Damas est reconnue comme la plus antique des cités à l’ouest de l’Indes.