permise, quelle qu’en soit la nature ou l’étendue. Et je n’insiste pas sur ce fait, que ma victoire a été incontestable, alors que j’aurais pu justifier ma défaite par des arguments de casuiste. On peut employer cette expression soit qu’il s’agisse d’actes ayant pour but unique de soulager la souffrance, soit qu’ils aient été inspirés par la recherche d’un plaisir superflu.
Coupable, je ne le suis donc pas, à mon sens, et quand je me reconnaîtrais tel, je pourrais persister à écrire ces confessions, en songeant au service que je rendrais ainsi à la classe des mangeurs d’opium. Mais y en a-t-il ? Lecteur, je suis oblige de le dire : cette classe est très nombreuse. J’en ai eu la preuve il y a quelques années, en comptant ceux qui m’étaient connus directement ou indirectement comme mangeurs d’opium, dans une partie très restreinte de la société anglaise, partie composée d’hommes remarquables par leurs talents ou leur notoriété. Je citerai par exemple l’éloquent et généreux William Wilberforce, le défunt doyen de Carlisle, docteur Isaac Milner[1], le premier lord Erskine,
- ↑ Isaac Milner. — Le public le désignait sous le nom de doyen de Carlisle ; dans la conversation, l’on s’adressait toujours au doyen Milner ; mais dans son propre cercle, il était traité officiellement comme le chef de Queen’s College Cambridge, sa résidence ordinaire. Ainsi que son frère Joseph (de Hul) il était, au fond, méthodiste wesleyen, et c’est sous l’influence de ces principes et des sympathies qu’ils lui suggéraient, qu’il a continué et conduit jusqu’au temps de Luther l’ouvrage de son frère, l’Histoire de l’Église chrétienne. De nos jours, on l’eût considéré non comme méthodiste, mais simplement comme partisan de l’Église inférieure. Quoi qu’il en soit, on eut se demander en passant comment un homme d’une honnêteté aussi bien établie que celle du doyen Milner, mettait d’accord ses idées morales et le cumul d’une fonction ecclésiastique importante, comme ce