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LES TORTURES DE L’OPIUM



« Ainsi qu’un grand peintre trempe son pinceau dans la noirceur du tremblement de terre et de l’éclipse »
(Shelley. Révolte de l’islam.)


Lecteur, qui m’avez accompagné jusqu’ici, je dois faire appel à votre attention, avant d’aller plus loin, sur les remarques suivantes.

Vous êtes déjà averti, je l’espère (sans cela vous auriez une opinion peu favorable de ma logique), que les tortures de l’opium, sur lesquelles je m’étendrai conformément au titre ci-dessus, se rattachent à mes anciennes souffrances de Londres, et par celles-ci à celles que j’avais éprouvées plus anciennement encore dans les Galles ; qu’elles ont avec elles un lien naturel, en d’autres termes que mes premières souffrances ont engendré les plus récentes. Sans cela, ces confessions seraient coupées en deux parties sans aucun rapport réciproque, dont la première serait le récit des malheurs de mon enfance, la seconde tout à fait indépendante, le récit des souffrances consécutives aux excès d’opium Ces deux parties n’auraient aucune connexion, sinon le fait bien peu important qu’elles appartiennent toutes deux à le même personne. Mais un peu d’attention suffira pour montrer combien cette connexion est étroite.