barre froide avec son cou suffit cependant pour faire naître un rêve complet, parfaitement ordonné, dans lequel il assistait à tout le développement de la Révolution française, depuis l’ouverture des États-Généraux jusqu’à la Terreur. Il se croyait l’une des victimes du Tribunal révolutionnaire, il montait sur l’échafaud, il avait la tête engagée dans la guillotine, et il s’était réveillé confondant le choc de la barre avec la chute du couperet. — On sait aussi qu’un des épisodes du Mahâbhârata est fondé sur un rêve de cette sorte, qui fait passer pendant la durée d’un éclair, devant l’intelligence d’Ardjouna tout un système métaphysique. Enfin le mystique Ballanche, dans sa Vision d’Hébat, à adopté la même mise en scène.
Du reste, il n’est pas nécessaire de recourir à ces faits qui, sans être rares par eux-mêmes, le sont par la difficulté de les constater par soi-même et chez les autres, et dont l’observation suppose une grande habitude psychologique. Pour peu qu’on se soit adonné aux recherches philosophiques, aux exercices littéraires, on sait qu’à certaines heures, dont on profite sans pouvoir les ramener ou les prolonger, l’on est dans une disposition d’esprit particulière, qu’alors les idées apparaissent avec des rapports, des enchaînements ingénieux et justes, qu’elles se présentent vêtues de métaphores exactes ou brillantes, tandis qu’à d’autres moments, elles sont pour ainsi dire de si mauvaise humeur, et arrivent dans un négligé tel qu’on préfère les repousser et attendre le retour de ce qu’on nomme l’inspiration.
Une autre observation que chacun a pu faire, se