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ENJAMBEMENT DE QUATRE SYLLABES.

L’aimable Bérénice entendrait de ma bouche

Qu’on l’abandonne 1 Ah t reine, et qui l’aurait pensé ? RAC. Le monstre, déployant ses ailes ténébreuses,

Vole au Cathay, s’abat sur ses villes nombreuses. RoucH. Remarque. Commenousl’avons dit, l’enjambement et le rejet frappent l’esprit, en détachant une portion du vers, qui ordinairement n’est point ainsi isolée. Dans certains genres qui admettent le mélange des mètres,’les poëtes produisent un effet analogue En rejetant un petit vers à la fin de la phrase. Nous par lerons plus bas de ce moyeu*.

CONCLUSION.

Nous avons insisté sur ces effets de l’harmonie imitative pour montrer que notre versification, qu’on accuse d’être timide, monotone, et qu’on a essayé, dans ces derniers temps, de dénaturer nar des licences exagérées, est, entre les mains des grands poëtes, hardie et variée, sans sortir toutefois des limites du goût. En français, comme dans les autres langues, la poésie ne produit l’harmonie imitative qu’en s’éloignant de ses habitudes. Elle n’a pascoutume de s’imposer le choix de telles lettres, de telles consonnances, de violer les règles de l’hiatus, de la césure ; de se permettre l’enjambement : quand elle le fait, son intention est d’autant plus frappante. Semblable aux autres arts.c’est par des procédés plus rares, c’est en 1. Page n~t.