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Il y lâche sa bête ; et le grison se rue

Au travers de l’herbe menue,

Se vautrant, grattant et frottant,

Gambadant, chantant et broutant.

50 Quand on voudra peindre des objets riants, glacieux, on choisira des syllabes d’une prononciation coulante

Telle qu’une bergère, au plus beau jour de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête,

Et, sans mêler à l’or l’éclat des diamants,

Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements. [BOILEAU.

Il donne aux fleurs leur aimable peinture ;

Il fait naltre et mûrir les fruits ;

H leur dispense avec mesure

Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits ; Le champ qui les reçut les rend avec usure. RAC. Le poëte rapproche quelquefois dans le même cadre deux effets qui contrastent «

Fait des plus secs chardons des lauriers et des roses. BoiL. On remarquera avec quel art la douceur du second hémistiche est opposée à la dureté du premier. J’aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène Dans un pré plein’de fleurs lentement.se promène, Qu’un torrent débordé qui, d’un cours orageux, Roule plein de gravier sur un terrain fangeux. BOIL. Racine le fils, qui a écrit sur l’Harmonie imitative, a prouvé qu’il savait joindre l’exemple au précepte. On lit dans son poëme de la Religion