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Indomptable taureau, dragon impétueux,

Sa croupe se recourbe en replis tortueux

L’harmonie imitative est encore sensible dans ces vers de la Henriade :

Tel que du haut d’un mont de frimas couronné, Au milieu des glaçons et des neiges fondues,

Tombe et roule un rocher qui menace les nues. VoLT. Dans de nombreux passages, l’auteur des Saisons, Saint-Lambert, prouve une connaissance approfondie de l’art de produire ces effets

Neptune a soulevé les plaines turbulentes ;

La mer tombe et bondit sur ses rives tremblantes ; Elle remonte, gronde, et ses coups redoublés

Font retentir l’abtme et les monts ébranlés.

La mer &ondtt.EMe remonte, gronde. Ces deux hémistiches ne font-ils pas entendre le bruit du flot qui heurte )e rivage, ou qui est refoulé vers la haute mer’ ?

Delille imite ainsi le bruit du canon

Et le bronze et l’airain tonnant dans les combats. Il rend par un vers heureux l’impression d’une saveur désagréable

D’un acide piquant aiguise encor l’aigreur.

2° L’emploi de la lettre s conviendra quand le poëte voudra exprimer un sifflement, un bruit aigre 1. Quand l’imitation demande de la rudesse dans les sons, nos bons poëtes savent appeler les consonnes à leur secours, et dire, pour dépeindre un monstre MtdontptoMe taureau, etc. (RACINE le fils.)

2. La Harpe.