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Boileau, dans ces vers de l’Art’ poétique, nous a donné à la fois le précepte et l’exemple

H est un heureux choix de mots harmonieux ; Fuyez des mauvais sons le concours odieux Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée. Racine est peut-être, de tous nos poëtes, celui qui avait le sentiment le plus exquis de l’harmonie. Voyez, dans ces beaux vers, combien la mélodie des paroles ajoute à la grandeur des pensées

Que peuvent contre lui’ tous les rois de la terre ? En vain ils s’uniraient pour lui faire la guerre Pour dissiper leur ligue il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer. Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble ; II voit comme un néant tout l’univers ensemMe Et les faibles mortels ; vaints jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étaient pas. Boileau s’est souvent moqué des vers rocailleux de Chapelain. On verra par un échantillon combien cette critique était fondée

Un seul endroit y mène, et de ce seul endroit Droite et raide est la cdte, et le sentier étroit.

Quels vers’, ’juste ciel !’s’écriait-il ; je n’en pms entendre prononcer un que ma tête ne soit prête à se fendre.

La parodie suivante, que ce satirique a faite du style de Chapelain, est fort connue

1. Dieut t