Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son savoir une position élevée dans la commune. Et, en particulier, si quelque notable le consulte sur des vers dont il se sera avisé ; si une fête particulière ou publique a inspiré un quatrain qu’on vienne lui soumettre, il faut que l’instituteur soit capable de donner un conseil éclaire, et de remettre sur leurs pieds les vers qui braveraient la rime et la césure. Il doit surtout être en état de donner à ses élèves les plus avancés des explications, que même leur curiosité provoquera plus d’une fois. L’étude de notre métrique me paraît donc devoir être introduite dans toutes les écoles normales primaires.

Elle convient à plus forte raison aux institutions et pensions de jeunes demoiselles, où la société recrute ses femmes d’élite. J’ai fait pendant plusieurs années un cours dans une institution de demoiselles : c’est alors que furent recueillies les premières notes qui ont servi à la rédaction de ce livre. Je me rappelle avec plaisir combien les élèves trouvaient de charme dans cette analyse des procédés de notre versification et dans les exercices qui venaient à l’appui des préceptes.

Une chose a pu s’opposer jusqu’ici à une étude dont personne, je crois, ne contestera l’importance, c’est l’absence d’un ouvrage où les règles de nos vers fussent exposées d’une manière satisfaisante. J’ai longtemps médité ce sujet ; je me suis livré à de patientes recherches pour rédiger un code poétique à peu près complet : ce travail terminé, j’ai voulu en extraire ce que j’ai jugé d’une utilité plus générale. Sans doute il est glorieux d’ajouter quelque chose à la science ; mais il ne me paraît pas moins désirable, ni moins flatteur, d’en populariser les notions les plus essentielles.

P. S. Depuis que j’écrivais les lignes précédentes, cet ouvrage a été autorisé par le Conseil de l’instruction publique pour les classes d’humanités des colléges.