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qu’il trouvait dans le poëme des Mois, par Roucher [1] :

Voyez-le en des traîneaux emportés par deux rennes.

5° Certains mots contiennent un e muet qui ne se prononce pas, et qui ne fait qu’allonger la syllabe précédente : Vous avouerez, il louera, je prierais, etc. L’e muet intérieur ne compte pas dans la mesure : on réunit les deux voyelles en une, par la figure qu’on nomme synérèse :

Je ne t’envierai pas ce beau titre d’honneur. Corn.
C’est là, tout haut du moins, ce qu’il n’avouera pas. Boil.
Notre style languit dans un remerciement. Id.
Avant la fin du jour vous me justifierez. Rac.
J’essaierai tour à tour la force et la douceur. Id.
Je ne remuerai point. — Votre partie est forte. Mol.
L’un effraiera les gens, nous servant de trompette. La Fontaine

L’orthographe moderne remplace ces e muets par un accent circonflexe : j’avoûrai, je prîrais.

Dans la règle précédente rentrent les mots paieront, vaierait, paiement, qui ne sont que de deux syllabes :

Un prix bien inégal nous en paiera la peine. Th. Corn.
Que tout autre que lui ne paierait de sa vie. Rac.
Tiens, voilà ton paiement. — Un soufflet ! écrivons. Id.

6° Nous avons déjà dit que l’e muet des terminaisons en aient ne compte pour rien dans la mesure.

  1. L’abbé d’Olivet, blâmant la même élision, produit l’autorité de Racine, qui, dans la Thébaïde, avait dit :
           Accordez-le à mes vœux, accordez-le à mes crimes.
    et qui substitua dans une seconde édition :
           Ne le refusez pas à mes vœux, à mes crimes.