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Mais, pour en juger mieux, voyez-les de plus près. BOIL. Quels triomphes suivront de si nobles succès ? Tous deux dans votre frère envisagez vos traits. RAC. 14° La rime riche peut avoir lieu entre deux syllabes ’dont l’orthographe diffère, comme aubère, M~M~M’c ; .anaMa ;, dévots ; répond, Hellespont ; content, attend ; pOMBMeMr, ~ŒMr. La rime suffisante oS’re une consonnance pareille, mais non l’articulation tout entière. Les finales en tf~ eux, eMf, riment plus généralement de toute l’articulation repentir, sortir ; Acur~M~ a~reua ;, payeur, douleur.

15° Les poëtes du siècle de Louis XIV présentent peu de rimes masculines qui ne soient que suffisantes. Cependant ils les admettent :

Lorsqu’une certaine désinence est peu abondante dans notre langue : égal, fatal ; crédit, proscrit ; discours, toujours ; attentats, ingrats ; remords, trésors; tributs, vertus.

Lorsque l’un des deux mots est un nom propre : Zénon, raison ; Martian, tyran ; Héraclius, confus ; Burrhus, vertus.

Quand l’un des deux mots est monosyllabe (appel de note 2). Finis

cuiller rimerait avec mouiller. Tous les mots qui se prononcent à peu près de même doivent rimer ensemble : il me paraît que c’est la règle générale concernant la rime. » La rime de sais avec essais est d’un usage fort ancien : on la trouve fréquemment dans Marot et dans les poëtes antérieurs. C’est ce qui lui a donné une sorte d’autorité.

1. La Harpe blâme dans Voltaire la rime de repentir avec souffrir. On trouve cependant plusieurs fois dans Corneille soupir rimant avec désir.

2. Toutefois, il y a une grande rigueur pour l’emploi des mots sang, rang, flanc. Voy. ci-après, p. 29.