Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée


8" La finale en a, dans les verbes, doit rimer de toute l’articulation. Trouva rime avec cultiva, mais non avec donna. Du reste, ces rimes, assez peu heureuses, sont proscrites du style noble.

9° La finale eni doit rimer de l’articulation banni, fini ; sorti,parti, etc. Quand l’i n’est pas combiné avec une consonne, il peut rimer avec un i qui se détachera de la même manière trahi, obéi. Dans trahis et pays, qui forment une rime légitime, il n’y a de commun pour l’œil qu’une lettre muette*. 10°Les finales enu doivent rimerde l’articulation : abattu, vertu ; rendu, perdu, etc. Cependant, si l’un des deux mots est monosyllabe, la rime peut n’exister qu’entre les voyelles, et, par conséquent, n’être que d’une lettre

Dès que je prends la plume, Apollon éperdu

Semble me dire Arrête, insensé, que fais-tu ? BOIL. Cher enfant, que le ciel m’avait en vain rendu, Hé)as pour vous servir j’ai fait ce que j’ai pu. RAC. Mais cet enfant fatal, Abner, vous l’avez vu Quel est-il ? de quel sang ? et de quelle tribu ? tD. La finale ment veut pour rime une finale semblable <, clément, longuement, charmant. Comme les mots terminés par ant ou ent sont trèsnombreux dans notre langue, il est beaucoup mieux qu’ils riment de l’articulation & ?’M~an(, étincelant ; con/Ment, imprudent ; mourant, parent ; éclatant, propres, pour lesquels, ainsi que nous le verrons encore plus loin, tes poëtes ont plus de latitude.

1. La rime bruit, s’évanouit (de Rousseau) est une rime faible, quoiqu’elle offre à l’œil trois lettres semblables.