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La rime féminine a lieu entre deux syllabes qui contiennent un e muet : belle, rebelle ; infernale, fatale. La rime porte alors sur la syllabe qui précède l’e muet, c’est-à-dire sur la pénultième, au bien encore, ce qui estplus général, surla syllabeaccentuée. Ainsi l’on ne pourrait faire rimer audace avec espèce, légitimes avec diadèmes, jouissent avec repaissent’, bien que la syllabe muette de ces mots correspondants soit identique, parce que la syllabe accentuée diffère. Remarque. Nous avons déjà. fait observer que les troisièmes personnes du pluriel des imparfaits et des conditionnels en aient ne sont pas réellement une terminaison féminine, parce que l’e qu’e)Ies contiennent est absolument sourd. On les range .donc dans la classe des rimes masculines

De là sont nés ces.bruits reçus dans l’univers, Qu’aux accent dont Orphée emplit les monts de Thrace, Les tigres amollis dépouillaient leur audace ;

Qu’aux accords d’Amphion les pierres se mouvaient, Et sur les murs thébains en ordre s’élevaient. BoiL. Il n’en est pas de même des présents voient, croient, déploient, essaient, paient, dans lesquels l’e compte pour une syllabe. Les pluriels allient, oublient, fuient, appuient, etc., forment pareillement une rime féminine :

Ce choix me désespère, et tous le désavouent ; La partie est rompue, et les dieux la renouent ! ]. Ici nous voyons’six lettres pareilles, et cependant les deux mots ne riment pas. ~C’est en vain qu’on voudrait.bMer taTÈgJe de la rime sur la conformité d’un nombre quelconque de lettres.